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Violence psychologique - la pieuvre

« Il faisait soleil et tout allait bien.

Enfin, quelques jours de pluie par ci par là, des orages, la vie quoi ! On met son imper, on s’abrite sous un porche, on fait avec la réalité.

Et puis soudain, venue d’on-ne-sait-où comme c’est toujours le cas, la pieuvre.

Une pieuvre grisâtre, aux longues tentacules vigoureuses, multiples, suintant la mort.

De longs filets de bave qui se mettent à couler sur soi, sur ce qui nous entoure, obstruant la clarté du ciel et toute vue dégagée, ternissant les couleurs et donnant à la peau une puanteur suffocante.

Alors on tente de courir, mais on y arrive mal, entravé par ses sécrétions gluantes. On lui parle, à cette pieuvre, on crie, on pense qu’à force de mots on aura raison d’elle. Mais ça ne se passe jamais ainsi. Les tentacules coupées repoussent, la pieuvre est titillée, elle crache de plus en plus fort son venin, de plus en plus loin. La pieuvre étouffe dans le soleil, au contact avec l’air et dans la clarté, alors elle se débat et son combat la rend plus forte encore.

Et sa victime s’englue. Elle a de la peine à se mouvoir, à lever encore les pieds pour avancer et atteindre autrui, à agiter les bras pour appeler au secours. A chaque fois qu’elle veut parler, la noirceur s’engouffre par sa bouche entrouverte et commence à la contaminer. Le venin est dehors, le venin est dedans et l’ultime salut se trouve dans la fuite.

Repérer un fragment de ciel et un bout de rayon de soleil, pas encore obscurci, et se hisser dessus. S’y agripper, grimper, remonter, plus haut, toujours plus haut, jusqu’à rejoindre à nouveau l’air et la clarté.

La violence psychologique tue. Elle paralyse, rend malade ou fou. Elle distord la réalité en n’en disant que ce qu’elle veut, en biaisant les mots, armée de son unique motivation : obtenir le pouvoir, et de son unique croyance : l’autre est un danger qu’il faut domestiquer ou réduire à néant.

Mobbing, humiliations diverses, harcèlement, diffamation ont tous recours au mensonge, conscient ou non, et ce qui réellement rend fou c’est de se retrouver face à une table dont l’autre nous dit qu’elle est un banc, devant une mer décrite comme une flaque, aux prises avec un déni qualifié d'innocence.

La violence psychologique ne bourgeonne et se ramifie que dans l’obscurité ou au sein d’un groupe qui la pratique.

Si vous en êtes victime, courez, fuyez (elle, elle lutte avec toute la force de son désespoir et vous perdrez) et, de là où vous êtes, dirigez le projecteur de la réalité sur sa scène funeste. Alors, enfin, l’autre verra ce que vous voyez et elle sera dissoute.

Par la violence psychologique, on passe de l’état de sujet à celui d’objet, celui de l’autre, on perd ses droits, sa dignité et sa raison. Ce qui réellement rend fou, c’est la dissonance cognitive à laquelle notre cerveau tente de mettre fin, en faisant sens de ce qu’il perçoit. »

("Pour mettre fin à la violence psychologique : la communication éthique », Isabelle Vuistiner-Zuber, à paraître en 2020)

Pour en savoir plus, je vous recommande de lire d'ores et déjà mon ouvrage « Protection de l’enfance, lettre ouverte à tous ses acteurs » (Editions Soleil Blanc, 2019), dont le chapitre 15 traite uniquement du psychisme.

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