
A chaque moment, par chaque acte que je pose
Je nourris le conflit ou je contribue à l’apaiser
Fausse idée, alors, que de croire que je peux (n’)être (que) neutre
Au moment où une mise à mort, qu’elle soit psychique ou physique
Se fait devant moi sans que j’intervienne
Non pour juger ou prendre parti
Mais pour condamner la violence et contribuer à y mettre fin
De spectateur, je deviens spectacteur
Comme le dit si bien Jean-François Laurent, éducateur social et formateur
Ce qui se déroule sous mes yeux et me fait détourner le regard
J’en deviens co-responsable, car je le laisse perprétrer
Détourner le regard n’est pas neutre
C’est un acquiescement implicite à la violence
Né de notre passivité
Un événement de ma vie m’a marquée à jamaisJe vivais alors avec quelqu’un qu’on nomme, chez nous, « une dalle »Un homme robuste, grand, musclé, physiquement fort
Un soir où il se trouvait seul chez nous, il entendit des cris stridents
Des hurlements, des bruits d’objet projetés contre les parois
Je pense, d’ailleurs, au vu de la description qu’il m’en a faite
Que les autres voisins n’ont aussi pu que les entendre, ces cris de détresse
Lui est resté assis dans notre salon, bien au chaud
Avec une musique de fond pour couvrir le son produit par les coups
Il ne s’est pas manifesté, n’a appelé aucun secours
« Tu comprends, je ne voulais pas me mêler de ce qui ne me regarde pas ! »
Lorsque l’ambulance est arrivée, appelée par la victime
Celle-ci était devenue sourde
Tympans éclatés, crâne enfoncé, multiples traumas de la tête
Sourde, elle l’est toujours, 20 ans plus tard
Il n’y a pas de spectateur, on joue tous dans la même pièce
A chaque instant, on décide du rôle qu’on endosse
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