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Les cadeaux les plus touchants ne sont pas toujours ceux qu'on croit


Cette couverture rose défraîchie et lustrée par l’usage et les lavages fréquents est probablement le plus beau cadeau que mon père m’ait jamais offert. Achetée par lui un lundi de foire de Ste-Catherine, la plus grande foire de l’année dans la région où j’habite.

Il y a maintenant plus de 25 ans que, sans rien en dire à quiconque, à côté de mon emploi comme enseignante, je me suis inscrite comme élève dans une école de massage. J’aime toucher, j’aimais être massée, et je ne suis pas sûre que j’aie exactement su moi-même pourquoi je m’étais inscrite à ces cours, si ce n’est que je me trouvais à un moment difficile de ma vie, à l’affût de quelque chose de nouveau.

Un nouveau diplôme en poche et l’année scolaire ayant touché à sa fin, j’avais trouvé rapidement une place de travail comme masseuse dans un fitness. Lorsque je décidai de l’annoncer à mes parents, je n’attendais rien de très prometteur en matière de réaction de leur part : passer d’un statut d’enseignante à celui de masseuse ne s’apparentait pas, à mes yeux, à une promotion sociale quelconque, bien au contraire.

J’ai été surprise par l’accueil, d’emblée chaleureux, à cette nouvelle. Du fitness, je suis partie travailler dans un lieu de cure réputé, puis je me suis établie à mon compte. Entendre de mon père - qui avait passé des années à travailler comme manœuvre sur des chantiers pour pouvoir se payer des études et qui m’avait poussée à étudier – que ce qui comptait avant tout pour lui c’est que je sois heureuse et qu’il renonce si facilement au brillant avenir d’universitaire auquel il pensait que je me destinais m’a beaucoup étonnée. A près de 30 ans, j’ai appris, stupéfaite, que mon grand-père paternel avait été le rebouteux de son village et qu’il « remettait » aussi les animaux, que plusieurs membres de ma famille avaient un « don », dont ils ne voulaient pas parler, de peur d’être raillés. J’ai alors compris pourquoi mon propre père massait si bien et avec tant de plaisir, lui qui nous massait le dos lorsqu’on était fatiguées ou qu’on s’était fait mal, alors même qu’il n’avait jamais suivi de cours.

Sans même savoir pourquoi, j’étais allée vers ce qui avait – officieusement plus qu’officiellement – animé une partie de ma famille : les soins par le toucher, une approche globale de la santé.

Mon père n’achetait jamais rien à la foire. Lorsqu’il en est rentré, avec cette couverture douce et moelleuse, aux délicates couleurs pastel et qu’il m’a dit « tiens, c’est pour tenir tes clients bien au chaud », j’en ai eu les larmes aux yeux. Se sentir reconnue par ses proches dans ce qu’on est, dans ce qu’on aime et ce vers quoi on veut aller est réellement le plus beau des cadeaux.

A tous les Sierrois, je souhaite, ce lundi, une belle foire de Sainte-Catherine !

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