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Un étranger c'est un ami qu'on ne connaît pas encore

Ça n’est pas toujours facile d’avoir son cœur dans deux pays et ses pensées qui se lovent dans deux langues, n’importe quel immigré ou émigré saura de quoi je parle.

Sans langage on ne pense pas. On ressent mais on ne peut pas avoir de pensée élaborée. Chaque langue a ses structures propres, ce qui m’amène à me dire que c’est peut-être celle rigide et relativement compliquée de la langue allemande qui empêche ses utilisateurs réguliers de sourire beaucoup. Ils sont probablement en train de se concentrer afin de se souvenir de quel verbe placer en fin de phrase...

Sur cette réflexion peu amène, qui me vaudrait l’inimitié de tous les Suisses allemands et Allemands s’ils lisaient ce que j’écris, et alors même que je suis une admiratrice quasi inconditionnelle de notre première langue nationale, je continue. Donc, oui, on réfléchit un peu différemment dans des langues différentes. Lorsqu’on a deux langues maternelles, on en a souvent une qui est celle de prédilection pour tel ou tel sujet.

Ma deuxième langue maternelle est l’anglais. Pas celle de ma mère biologique mais celle de ma « mère » américaine, Tina, qui est la personne qui a eu la générosité, ainsi que sa famille, de m’accueillir chez elle pour une année alors que j’étudiais.

A l’âge où on vit ses premières amours, ses premières passions et ses premiers enthousiasmes, comme un enfant le fait, j’ai appris l’anglais et c’est la langue que mon cœur parle le mieux.

Voilà pourquoi j’ai deux pages FB, une pour chaque langue, voilà pourquoi j’écris sur LinkedIn tantôt en français tantôt en anglais et, les quelques fois où je traduis mes textes, même si le sujet reste le même, je le présente différemment d’une langue à l’autre.

Je suis partie à dix-sept ans avec comme projet de découvrir la vie dans un autre pays et dans une autre famille et en aucun cas celui d’apprendre une langue étrangère. Jamais je n’aurais pensé qu’un jour cette langue me deviendrait si utile.

Lorsque je vois les gesticulations désordonnées du clown aux cheveux jaunes, à la délicatesse d’un brontosaure, qui « dirige » actuellement ce pays – personnellement je compte les jours jusqu’aux prochaines élections – j’ai mal de l’image qu’il donne des USA où j’ai appris la liberté de pensée et d’expression, la générosité, la joie et une confiance en la vie quasi sans limites, que je partage encore aujourd’hui avec mes amis de là-bas.

Inutile de s’appesantir sur ce que vous connaissez déjà et que vous n’aimez pas. En allant au-delà de ça on a, je pense, beaucoup à apprendre de la confiance en soi, de l’esprit critique, de l’enthousiasme, de la chaleur humaine et de la solidarité – oui, oui, vous avez bien lu, de la solidarité du peuple américain. Curieux, comme seuls des descendants de pionniers peuvent l’être, même si hélas certains d’entre eux semblent avoir oublié que c’est leur diversité qui a fait leur richesse.

Un pied ici, un pied là-bas, je ne me sens jamais complètement chez moi où que je sois, ayant pris dans chaque culture ce que je trouve le plus utile et le plus beau. Lorsqu’on a habité dans différents pays, voyagé, la personne la plus susceptible d’avoir l’esprit ouvert c’est… nous. Il est parfois douloureux et déstabilisant de se rendre compte qu’on n’est plus vraiment représentatif de la population dans laquelle on évolue et de trouver une juste mesure entre l’idéalisation de ce qu’on a connu et qui nous manque et le dénigrement de ce à quoi on est habitué et dont on ne connaît que trop bien les limites.

Tina, elle, est devenue une écrivaine prolixe, sous son nom complet qui est Justine Wittich, dont les thrillers ont autant de suspense que ceux d’Agatha Christie et qui sont magnifiquement bien écrits. Elle trouve que Trump est vraiment un bon président mais je l’aime quand même… Mes amis de là-bas sont tous dans mon cœur et si je ne les cite pas ici c’est par peur d’en oublier.

C’est en raison de la toute dernière formation continue que j’ai suivie, pour peaufiner mes capacités en manière d’expression orale et de gestion de projets que je me suis rendu compte que plus de la moitié de ce que j’ai appris en matière de méditation, de spiritualité, de communication et de développement personnel vient initialement des USA ou de pays anglophones.

L’un des plus beaux cadeaux qu’on puisse se faire ou faire à son enfant, c’est d’aller quelque temps vivre ailleurs.

« Un étranger, c’est un ami qu’on ne connaît pas encore » (sagesse populaire nord-américaine).

Take care – prenez bien soin de vous !

Quelle belle manière de prendre congé !

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