Comme Sierre était belle sous la neige, hier. Cette ville où papa et toi aviez décidé de vous installer pour y faire votre vie, amoureux de la plaine et de ses commodités, de son ouverture au monde plus grande que dans la vallée où vous aviez grandi.
Et donc, il neigeait.
Comme lorsque nous avions emmené tes affaires à Sion, déménageant d’un home devenu inhospitalier, où tu recevais des soins au bon gré du vouloir ou du savoir du personnel…
Installée au Glarier, dès le deuxième jour, tu t’étais exclamée « on voit qu’ils aiment les vieux ici ! ». Puis, rapidement, tu nous as dit « ici, c’est chez moi. Je ne sais pas pourquoi, je me sens chez moi » et ce sentiment est devenu permanent.
J’ai pleuré lorsque trois jeunes femmes de l’animation sont venues te saluer dans ta chambre, alors que tu t’en allais. Pour te parler, te dire adieu et te remercier pour tout le temps passé ensemble et tout ce que tu leur avais apporté. « Gentillesse » est le mot qui est revenu le plus souvent, de la part de tous ceux qui ont exprimé leur sympathie, pour qualifier ton attitude et ta personnalité, dans cette résidence médicalisée où tu as paisiblement et joyeusement fini ta vie.
Les soignantes aussi ont défilé à ton chevet, pour te dire au revoir alors que vivais tes derniers instants. Tu en as embrassé plusieurs, alors même que tu étais déjà si faible. Le toucher est le dernier de nos sens qui s’éteint et permet jusqu’au dernier moment de communiquer avec autrui.
Dans ce contexte chaleureux, professionnel, parfait, avec les soins, l’encadrement et les prières des « simples » employé-e-s, il n’y a pas eu un seul des cadres des divers secteurs qui se soit déplacé pour venir exprimer sa sympathie.
Ce n’est pas d’un virus quelconque que nous risquons de mourir, mais du manque d’humanité et de la froideur qui s’insinue sournoisement dans nos contacts humains.
Ce court message nous / vous invite à nous interroger sur le type de société que nous bâtissons, sur ce vers quoi nous désirons nous diriger, parce que chacun-e d’entre nous peut y contribuer.
Je vous invite à la désobéissance et à la rébellion. Celle contre les cons. Celle contre les moutons. Celle contre les parvenus suffisants qui dirigent si souvent des structures importantes, non en raison de leurs compétences ou de leur humanité, mais en raison d’un réseau socio-politique qu’ils représentent et qui leur a permis de s’installer dans un poste confortable. Là, ils oeuvrent parfois, et de plus en plus, au mépris de toute démocratie et de tout respect humain véritable, trahissant la notion même de service. Supplantée par celle d’autoglorification, dont dépasse de toute part la bienpensance dégoulinante, pensée unique et donc figée et totalitaire, qu’ils infligent au monde.