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Dans l'enfer des fausses accusations

DANS L’ENFER DE LA VIOLENCE PSYCHOLOGIQUE – les accusations délirantes


Un récit n’est pas délirant parce qu’il ferait état de choses qui ne peuvent exister, d’événements dont il est impossible qu’ils soient survenus.

Un récit est délirant quand il ne colle à aucune réalité tangible vécue par les protagonistes qu’il nomme.

Un viol, des coups, de l’extorsion de fonds, ce sont des choses qui existent. Mais quand quelqu’un en fait état alors que ça n’a pas eu lieu, on appelle ça un récit délirant et son corollaire, c’est que ce récit désigne un perpétrateur qui n’existe pas.

A l’origine d’accusations mensongères – parler de « fausses accusations » est en fait erroné, car les accusations sont bien existantes – il y a souvent – toujours ? – un trouble de la personnalité. Le narrateur de faits qui ne se sont pas déroulés, ou celui qui déclare connaître les intentions d’autrui mieux que celui-ci, ne sait exister qu’en attirant l’attention sur lui, se positionnant comme victime. Cette posture-là est, en soi, toxique car aucune personne saine n’aime susciter un sentiment de pitié. Or, le sentiment qui émerge à l’écoute de quelqu’un qui délire est plus souvent la pitié que l’empathie parce que, à l’intérieur de nous, quelque chose nous empêche d’être touché, de s’identifier à quelque chose qui n’a pas eu lieu, à des émotions qui ne sont que feintes et qui, à la lumière de la réalité exposée, se dissolvent.

La difficulté, dans ce genre de situations, consiste à savoir si le récit qui est fait correspond à la réalité. Car s’il est réel et qu’on ne l’entend pas, une réelle victime se trouvera dépourvue de soutien. Mais s’il est falsifié, monté de toutes pièces, et qu’on le prend en compte, il aboutira à la mise en accusation, qu’elle soit morale ou pénale, d’un innocent. Dans le cas d’accusations mensongères, il est extrêmement difficile de savoir si on a à faire à quelqu’un qui souffre d’un trouble de la personnalité ou à quelqu’un qui manipule. Mais finalement, savoir ce qui est à la source du mensonge importe peu. Il faut sortir du récit délirant. Et la seule manière de le faire, c’est d’exposer la réalité tangible et factuelle. Face à celle-ci, une personnalité saine reconnaîtra s’être trompée, présentera éventuellement des excuses et se sentira soulagée de se rendre compte que la réalité n’est pas si noire qu’elle se l’imaginait. Une personnalité toxique, elle, sera dans le déni, jusqu’au bout, le plus longtemps possible, face aux éléments tangibles qui lui sont présentés et qui démontrent que le récit qu’elle se fait ou fait à autrui est biaisé. Parce qu’elle ne veut pas que la réalité soit acceptable, ou neutre ou belle. Elle veut être dans le drame parce qu’elle ne sait fonctionner qu’ainsi, dans un drame dont elle est le héros, maltraité et qu’on vient sauver, un héros qui fait éclater la vérité. Et ce dont elle est incapable, c’est de se remettre en question.

Se retrouver la victime – la réelle victime – d’accusations mensongères est un véritable enfer car l’accusateur, telle une araignée, tisse sa toile ou tel un poulpe, déploie ses tentacules, et vous vous retrouvez alors empêtré dans un enchevêtrement qui restreint votre liberté d’être et d’agir et qui, à chaque fois que vous tentez de vous en défaire, s’enroule davantage autour de vous.


Comme dans le cas de harcèlement scolaire, de mobbing au travail, il n’y a rien à espérer d’un dialogue avec l’accusateur ou le bourreau. Celui-ci ne modifiera pas son récit sauf s’il y est contraint, en général par la crainte de conséquences annoncées au cas où il persisterait. Modifier son récit c’est modifier la vision qu’il a de lui-même, ce dont sa pensée figée le rend incapable. La seule voie d’issue, si l’accusé, le harcelé, ne peut pas simplement fuir, mais en est au stade de devoir rendre des comptes, c’est d’interpeller les témoins de ce qui se passe, de faire appel à leur capacité de discernement et à leur empathie.

Une personnalité saine se nourrit et se développe par les événements auxquelles elle est confrontée et qui l’imprègnent, la colorant de nuances. Une personnalité toxique est figée et ne se modifie pas. Elle ne se nourrit que de récits identiques qu’elle se fait au sujet d’événements qu’elle interprète sans cesse, pour conforter une vision des choses et de soi immuable. Comme elle est dissociée de ses émotions, dissociée d’une perception intime et nourrissante d’elle-même, ce qui la constitue c’est le récit qu’elle – se – fait des événements et changer par trop le récit c’est être confronté au néant, ne plus se reconnaître, ne plus exister.

Ainsi, on se retrouve face à des individus en plein déni de la réalité, qui ne peuvent que l’être, ce qui, à terme, sera éclairant pour savoir si on se trouve dans un contexte d’accusations mensongères ou fondées.

Lorsque des pièces sont produites, lisibles, claires, lorsqu’il est avéré qu’une personne accusée de ce qu’elle n’a pas commis se trouvait ailleurs que sur le lieu du drame imaginé au moment où celui-ci est prétendument survenu, au moment où il n’y a plus aucune interprétation possible, mais seulement des faits, il est totalement stupéfiant d’observer que l’auteur du récit délirant devient soudain soit amnésique soit semblant dépourvu de perceptions sensorielles, ce qui l’amène à ne pas voir ou/et ne pas entendre. A ce moment-là, souvent, il tente d’initier un autre récit, divergent, mais avec toujours le même scénario, pour sortir d’une situation qu’il a créée, en atttirant l’attention ailleurs que sur ce qui est devenu une voie sans issue.

Ces situations d’accusations mensongères se déroulent dans une ambiance délétère de folie, la folie étant la déconnexion du réel. Ceci, pour une personnalité saine, est effrayant et encourage à la fuite, sous peine de se faire happer et dissoudre dans une réalité qui n’a plus de réalité que le nom, un scénario dans lequel on vous attribue un rôle, le mauvais rôle, et où vous devenez juste un figurant, un pion, un objet qu’on déplace au gré des besoins du pitch.

Il s’agit de perversion lorsque non seulement un récit est délirant, mais qu’il fait état du contraire de ce qu’illustrent les comportements du narrateur.

J’ai ainsi connu :

- un professionnel qui dédiait une partie de son temps à accompagner des femmes battues alors que lui-même frappait femme et enfants

- une prétendue victime d’exactions financières, paranoïaque, qui oubliait ou ne comprenait pas ou ne voyait pas ou disait n’avoir jamais reçu les pièces justificatives attestant de l’absence desdites exactions et qui, de son côté, escroquait autrui

- une ardente défenseuse publique d’injustices sociales qui ignorait délibérément le vécu analogue de ses proches, le niant en dépit de toute évidence et n’apportant pas le soutien attendu

- un directeur d’entreprise qui produisait des faux en justice, systématiquement, et dont les documents produits par lui-même invalidaient d’autres documents produits par lui-même

- des dénonciateurs d’abus qui n’avaient pas eu lieu et qui, aussi tôt que ceci était avéré, mentionnaient d’autres abus, d’une autre nature, mais pas plus réels que les précédents

- une « faiseuse d’histoires » quasi professionnelle, qui a réussi à faire se déplacer juges, avocats et experts sur le lieu de litiges répétés dans le domaine de la construction et où toutes ces personnes ont ainsi pu constater, à chaque fois, l’exact opposé de ce que l’initiatrice de ces conflits prétendait

- des instrumentalisateurs-trices de proches et d’institutions, sociales ou de justice, d’associations, amenant autrui à agir et trouvant d’autres bras armés une fois que la réalité se fait jour ; il y a toujours d’autres intervenants sociaux, d’autres avocats, d’autres juges, d’autres militants qu’on peut tenter de convaincre de la réalité de son récit délirant !

Ce que je trouve regrettable, dans ces situations-là, ce sont les tergiversations et hésitations de ceux qui pourraient agir pour mettre fin à ce qui est devenu le mensonge en action. Nul besoin d’être un professionnel de la santé mentale pour pouvoir agir et mettre en lumière des incohérences telles qu’elles sont le signe évident d’un récit délirant et donc destructeur.

Dans le contexte de séparations conjugales, ne pas laisser les protagonistes exprimer leurs opinions, jugements de valeur et interprétations du comportement de l’autre parent et s’en tenir aux faits avérés, aux éléments tangibles, permet de limiter le risque de s’enfoncer dans des procédures sans fin, hautement dommageables, principalement pour les enfants quand les (ex-)conjoints sont également parents.

C’est ce que prône et qu’applique le protocole de Cochem, adapté en Belgique dans le département de Dinant, et auquel je tente de participer, ici, en Suisse, m’étant formée, en Belgique, à l’accompagnement à la parentalité et à l’intervention en hauts conflits familiaux.


Isabelle Vuistiner-Zuber - Cabinet de santé Equilibre - Ethical Communication System ®

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