Garçon, il y a des cendres dans la piscine !
Née en 1962 et donc faisant partie des derniers boomers, c’est bien à mon corps défendant que ma génération a si peu fait pour préserver le climat.
Dans mes choix de vie successifs, l’éthique a toujours eu la part belle. J’ai successivement été membre cotisant et plus ou moins actif du WWF, de Pro Natura, et maintenant de Green Peace. Par ailleurs, je trie mes déchets, j’ai fait des démarches pour me chauffer et m’éclairer au solaire, je ne pars pas en vacances aux antipodes et je peux compter sur mes doigtes le nombre de fois où j’ai pris l’avion. N’en déplaise aux générations y, z et alpha, beaucoup de mes contemporains sont dans mon cas.
Mais ce matin, j’ai eu une épiphanie. Tandis que les cendres d’arbres calcinés s’abattent en volutes sur cette région d’Italie que j’affectionne tant et alors que cette image d’un cheval suivi d’une chèvre, tous deux enfuis en panique de leur ferme, fait le tour de la Toscane, l’égoïsme monstrueux, le comportement irresponsable du monde dit civilisé sont devenus en quelques secondes une évidence, un fait incontournable, une réalité insensée. Ce monde qui pollue, qui accapare les richesses de la terre et qui trouve si normal de pouvoir se vautrer dans l’opulence et le confort.
Nous avons des excuses, nous n’avons connu quasiment que ça et l’être humain a toujours tendance à généraliser ses expériences et ses points de vue. Mais tout de même !...
Nous ne pourrons plus longtemps nous réfugier dans nos logements trop chauffés l’hiver et climatisés l’été, pratiquant des loisirs coûteux en énergie, sans se soucier le moins du monde de ce qu’il advient de la terre et de ceux moins bien lotis que nous, donc de la majeure partie de l’humanité.
Sur une partie du littoral toscan, là ou tant d’hôtels disposent de piscines, ce dont on ne s’étonne même plus, une odeur de fumée se répand jusque sur la plage. Pendant que les touristes inquiets se tâtent pour savoir s’il faut rester ou fuir, à moins d’une vingtaine de kilomètres bosquets et pinèdes flambent. Certains ont tout perdu.
Il y a toujours des éléments déclencheurs dans nos prises de décision, qui alimentent d’abord notre réflexion. Moi c’est de l’existence d’Alaya Bay, sur la commune de Sion, dont je ne me remets pas.
Tandis que certains d’entre nous tentent de faire face et d’agir de manière éco-responsable, on crée des vagues artificielles pour le plaisir de si peu. On produit de la neige artificielle quand elle ne tombe pas en suffisance et les trottinettes électriques me choquent presque tout autant que les lieux de loisirs si coûteux en énergie.
Nous nous sommes convaincus que la vie pouvait être douce, facile et quasi sans danger. Nous avons tenté d’oublier que de jouer aux plus malins se fait toujours au détriment d’autrui. Tandis que nos soucis actuels tournent autour du prix du gaz et du pétrole et que l’obésité nous ravage, les bébés de la Corne de l’Afrique meurent toujours de faim, de soif et faute de soins.
La terre se venge et si nous ne nous réveillons pas dans un très court laps de temps, aucun dieu ne nous pardonnera ce que nous avons fait de notre planète.
Pietrasanta, Italie, juillet 2022
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