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Changement et identités

« Qu’est-ce que vous faites (dans la vie) » ?

« Vous avez des enfants » ?

« Vous êtes marié » ?

Les 1ères questions qu’on pose à quelqu’un qu’on rencontre concernent sa profession et son statut social, tous 2 susceptibles d’être durables voire irrévocables.

Et vous, si vous perdiez votre travail, vous retrouviez solo alors que vous êtes en couple, perdiez un proche qui décède ou qui sort de votre vie, deviez totalement changer de lieu de vie, seriez-vous encore quelqu’un, et si oui, qui ? Existeriez-vous encore ?

Notre vie est faite des relations qu’on construit et dont on est, avec l’autre, coresponsables. Ce qui signifie qu’on n’est pas seul à décider de l’existence et de la durée de ces relations.

Ce qu’on nomme souvent notre « qualité de vie » est déterminé par notre état de santé, par notre situation matérielle et financière, par notre insertion plus ou moins grandes dans différents groupes sociaux : famille, relations amicales, groupes de bénévoles, musique, chant, théâtre, clubs sportifs et j’en passe. C’est la qualité de vie, c’est-à-dire la quantité de moments de bien-être, de plaisir et d’un sentiment d’être inclus dans quelque chose qui fait sens que ces éléments déterminent.

Combien de fois avez-vous entendu dire « je ne pourrais plus vivre si » ?...

Lorsque nos activités, les relations qu’on entretient, notre état de santé, nos croyances, deviennent identitaires, qu’elles déterminent qui je suis en tant qu’être humain, elles limitent notre capacité d’adaptation et l’appréhension qu’on a de la vie.

Je suis Isabelle. Et vous, vous êtes Eric, Anne, Alexandre, Pascal, Roberte, Yvan ou Caroline. En tant qu’être humain, j’existe toujours, que je sois jeune ou vieille, en bonne ou en mauvaise santé, en couple ou non, mère ou pas. Regardez une photo de vous bébé, puis adolescent, puis à différents moments de votre vie où, à chaque fois, votre aspect physique est susceptible de s’être notablement modifié. Regardez votre regard sur ces photos. Lui est souvent resté quelque peu identique, fidèle à lui-même. Vous êtes-vous déjà demandé comment vous savez encore que c’est de vous dont il s’agit ? Que ce bébé joufflu, cet adolescent à l’aspect incertain, cet adulte à différents âges, c’est toujours vous ? La conscience de notre existence, d’être un individu distinct des autres et bien précis, naît à l’intérieur de nos cellules, de nos sensations corporelles, de leur lecture par notre cerveau.

Plus les circonstances extérieures de la vie deviennent difficiles, plus il est utile voire indispensable de se brancher sur l’intérieur, de se reconnecter à soi, au plus profond en soi, à son souffle, aux pensées qu’on est libre de choisir – et c’est là, je pense, notre plus grande liberté, celle de décider du sens qu’on donne aux choses – afin de se rendre compte qu’on est toujours là, qu’on est toujours qui on est, qu’on existe encore.

En particulier lors de ruptures sentimentales importantes, mais également lors de perte d’un emploi ou d’altération majeure et durable de la santé, à la diminution de la sensation de bien-être s’ajoute souvent le sentiment d’être amputé d’une partie de soi, de ne plus savoir qui on est.

Plus on s’est identifié à ce qu’on vient de perdre, plus on est appelé à se reconstruire, à redéfinir son propre contour, à s’habiter.

On n’est ni sa profession, ni son aspect extérieur, ni le rôle qu’on a dans telle ou telle relation. On est bien plus que ça et s’en souvenir est aidant, je trouve, non seulement dans les moments de grande tumulte, pour ne pas sombrer, mais aussi au quotidien, pour parvenir à garder une liberté d’être et de penser.

Inspiré par un proche qui traverse le bouleversement tumultueux d’une séparation, j’espère que ce petit texte autour du thème de l’identité vous donnera à penser et mettra un peu de baume au cœur à ceux qui sont actuellement pris dans un processus de changement dont ils n’ont pas décidé eux-mêmes.

C’est déjà bien suffisant de devoir faire avec la perte momentanée du bien-être et du plaisir, tentons de ne pas y ajouter la perte de sens. Celui de notre existence est bien plus que l’addition de ces identités multiples qu’on se donne et qu’on nous donne et qui, alors que notre existence est une et continue, sont susceptibles de se modifier tout au long de la vie.

S’adapter au changement n’est pas confortable. Selon qu’on est celui qui l’initie ou non, ça peut être exaltant ou accablant, accompagné d’un sentiment d’ouverture ou de contrainte mais non, ça n’est pas confortable. Puis, peu à peu, de même qu’on s’ajuste à un nouveau lieu de vie, à un nouvel environnement humain, la facilité et l’aisance reviennent.

Belle semaine à vous tous !

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